Choral de Bac
C’est sur les œuvres de ce jeune compositeur français que les candidats au Bac planchent ce mois-ci. Portrait.
Cette année, cinq des œuvres du compositeur Thierry Machuel ont été choisies, avec Corelli et Miles Davis, pour l’épreuve facultative de musique du baccalauréat. « C’est un Conseil qui décide du programme, explique-t-il … dans le chant choral, il y a aussi les paroles, qui peuvent mobiliser d’autres professeurs … C’est le texte qui prime ! Ma méthode de composition, c’est de faire passer le texte. » Il l’a décidé un jour : il sera porte-parole, au sens propre. « Il y a des paroles qui libèrent, comme en psychanalyse. Et c’est encore plus vrai quand cette parole libératrice est celle de détenus ! … »
Thierry Machuel, 52 ans, tient de l’apôtre, du résistant, du missionnaire. Il est un militant de la musique. Sensible sans aucune mièvrerie, courtois sans mollesse, actif sans illusions, il travaille avec les lycéens comme des ensembles professionnels, met en musique des poèmes de Bonnefoy ou de détenus de la centrale de Clairvaux. Depuis les années 1990, il ne se préoccupe plus que de chant choral : il pense chant choral, il écrit chant choral, il dirige chant choral, il chante chant choral, il parle chant choral…
La musique à l’école et au lycée ne se porte pas très bien. Que ferait-il s’il était ministre de l’éducation ? « Je commencerais pas faire confiance. Le nombre de professeurs que j’ai croisés qui se donnent, qui ne comptent pas leurs heures supplémentaires, qui louent des cars en y mettant de leur poche, qui encadrent des lycéens turbulents, qui prennent toutes les responsabilités, qui préparent tout (un spectacle, ndlr) pendant un an ! … Le lien avec les conservatoires devrait être automatique. Comme compositeur, j’ai aussi ma responsabilité : comment écrire pour que ce soit chanté dans ces lieux ? » Tous les professeurs ne sont pas comme cela. Beaucoup renoncent. « Oui, le grand truc depuis trente ans : il faut prendre les élèves où ils sont. Ce n’est pas vrai, il ne faut pas. On doit les tirer vers le haut. C’est à ça que sert l’école ! »
Jacques Drillon